Après un hiver qui a semblé interminable (du moins au Royaume-Uni), le printemps est là, même si la pluie qui tapote actuellement contre ma fenêtre n'en donne guère l'impression. Cette période est généralement idéale pour faire le point, procéder à un petit nettoyage de printemps et réexaminer les projets de l'année dans une optique plus positive. Si l'on fait le bilan des premiers mois de l'année, il est clair que la période a été chargée et plutôt volatile. Après une année 2022 épouvantable, les marchés se sont fortement redressés en début d'année et le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a annoncé que les États-Unis entraient désormais dans une phase de modération de l'inflation. Contrastant avec le temps maussade, l'humeur du marché était au beau fixe.
Cette embellie a cependant été de courte durée. La publication de certaines données économiques aussi vigoureuses qu'inattendues laisse entrevoir des perspectives moins réjouissantes : une inflation et des taux d'intérêt élevés susceptibles de persister plus longtemps que prévu. L'effondrement de la Silicon Valley Bank et de Crédit Suisse est venu compléter ce tableau, créant un environnement passablement volatile.
Les actions et les obligations ont néanmoins enregistré des performances positives depuis le début de l'année, et notre prévision concernant l'arrivée des trois facteurs au printemps est en passe de se réaliser : le redressement de la Chine est déjà amorcé ; l'inflation, bien que plus tenace que prévu, montre des signes de relâchement, ce qui devrait inciter les banques centrales à interrompre d'ici peu leur cycle de resserrement de politique monétaire. Selon nous, la Réserve Fédérale a procédé à sa dernière hausse des taux directeurs en mai, marquant la hausse finale dans ce cycle de resserment. La Banque d'Angleterre procédera à une nouvelle hausse (éventuellement deux) avant de marquer une pause pour le reste de l'année. La Banque Centrale Européenne est susceptible de continuer à relever ses taux un peu plus longtemps, mais elle devrait elle aussi finir par mettre un terme à son cycle de resserrement.
Dans ce contexte, le nettoyage de printemps des portefeuilles peut se résumer à un simple dépoussiérage. Nous continuons de penser que les obligations de grande qualité sont attrayantes, les obligations à courte échéance offrant des performances solides pour une prise de risque limitée. Nous continuons de penser également que le rebond des actions de la zone euro est excessif et que les actions des marchés émergents, notamment celles de la région Asie-Pacifique, sont attrayantes compte tenu des perspectives de croissance observées dans la région, sous l'impulsion de la Chine. Et nous continuons à miser sur une diversification attrayante des portefeuilles au moyen de titres américains à dividendes élevés et à faible volatilité. Les changements que nous avons apportés cette année ont consisté en des ajustements tactiques plutôt qu'en une refonte complète des portefeuilles, ce qui s'est traduit par des performances positives.
Daniele Antonucci, Chief Economist & Macro Strategist
La croissance des prêts tend à ralentir en période de récession et, bien que les craintes d'une crise bancaire se soient dissipées, les banques risquent de se montrer plus prudentes dans leurs activités de prêt. La contraction du crédit héritée des tensions bancaires contribue à stimuler le resserrement des politiques monétaires. Le ralentissement de la croissance des prêts est déjà amorcé et risque de peser sur la croissance économique.
Source : recherche interne, Refinitiv ; Remarque : les conditions de crédit aux États-Unis et dans l'UE ont été harmonisées en un seul indicateur ; les zones grisées correspondent à une phase de récession.
L'actualité
Les économies occidentales ralentissent à des rythmes différents. Une récession (sans doute) limitée est probable aux États-Unis et au Royaume-Uni. Grâce à un hiver plus doux et à la baisse des prix du gaz naturel, la zone euro a mieux résisté. La réouverture de la Chine joue aussi son rôle, mais la zone euro reste exposée au ralentissement de la croissance américaine et britannique.
Malgré les craintes de récession, la confiance des consommateurs se stabilise aux États-Unis et dans la zone euro, tout en poursuivant son redressement au Royaume-Uni par rapport aux faibles niveaux atteints précédemment. Les indices des directeurs d'achat (PMI) continuent d'augmenter de manière expansionniste sous l'impulsion des services. Bien que l'inflation sous-jacente dans le secteur des services reste vive, les pressions sur les prix s'atténuent et les indicateurs laissent présager une modération à venir, même si ce ralentissement est inégal parmi les différents biens et services.
Après avoir relevé leurs taux d'intérêt de plusieurs centaines de points de base au cours de l'année écoulée, les banques centrales des marchés développés sont, selon nous, sur le point de marquer une pause. La hausse des taux de la Réserve Fédérale américaine (Fed) en mai fut probablement la dernière de l’annee (avec certains risques). La Banque d'Angleterre (BoE), suivies par la Banque Centrale Européenne (BCE) feront de même. Contrairement aux attentes du marché, nous pensons que les taux d'intérêt seront probablement maintenus en territoire restrictif jusqu'à fin 2023.
À la différence de l'Occident, la banque centrale chinoise et un nombre croissant de banques centrales asiatiques se focalisent sur la croissance, l'inflation n'étant pas un motif de préoccupation. La réouverture de l'économie chinoise s'accélère et la région Asie-Pacifique devrait en bénéficier en raison de l'interconnexion des chaînes d'approvisionnement avec la Chine continentale.
À quoi sommes-nous attentifs ?
Après un exercice 2022 catastrophique, les titres des actions dits de croissance (Growth) ont connu une année faste, surperformant largement les titres de valeur (Value). D'un point de vue tactique, nous restons neutres vis-à-vis des titres Value par rapport aux titres Growth. D'une part, la baisse des taux tend à soutenir les titres de croissance, ce qui constitue un vent porteur potentiel dans la mesure où nous pensons que les taux atteindront un sommet au deuxième trimestre, en particulier aux États-Unis. Mais à l'inverse, les secteurs des titres Value sont susceptibles de rester performants si les taux augmentent et si la croissance économique continue de résister (comme en 2022). Quoi qu'il en soit, les styles Value et Growth présentent tous deux des risques. En ce qui concerne les titres Growth, des révisions à la baisse des bénéfices plus marquées sont possibles sous l'effet de secteurs comme la technologie, qui sont plus sensibles au ralentissement des dépenses de consommation que nous anticipons. En revanche, les titres Value ont tendance à être plus cycliques. Alors que se profile un contexte de récession, les perspectives pour les titres « purement » Value au cours des 6 à 12 prochains mois risquent d'être plus incertaines.
Actuellement, notre attitude est positive à l'égard des actions de grande qualité productrices de dividendes. Ces titres offrent une valeur plus défensive que cyclique. Ils sont attrayants dans un contexte de récession car ils sont moins exposés au risque de baisse des taux d’intérêts (contrairement aux bénéfices). En particulier, les dividendes de grande qualité qui n'ont pas été revus à la baisse depuis longtemps devraient bénéficier d'une prime et rester attrayants par rapport aux titres « purement » Value.
Dans un contexte où les économies ralentissent et progressent à des rythmes différents, nous tablons sur une reprise modérée de la croissance mondiale cette année à partir de niveaux proches de la récession.
Les épisodes de regain d'appétit et d'aversion pour le risque se succèdent fréquemment. C'est pourquoi nous maintenons un positionnement prudent à moyen terme dans nos portefeuilles. Cela ne signifie pas que nous renonçons à toute prise de risque. Nous adoptons une position mesurée qui vise à atténuer l'impact des mouvements de marché défavorables tout en maintenant des positions de risque basées sur de solides fondamentaux qui bénéficient des phases de reprise. Cela se traduit par une allocation plus faible, mais sélective, aux actions et au crédit à haut rendement, associée à une augmentation de l'exposition aux titres obligataires de grande qualité. En conséquence, nos allocations à long terme ont jusqu'à présent enregistré des performances positives en 2023, les actions et les obligations s'étant redressées simultanément.
Dans un contexte de ralentissement de la croissance, de modération de l'inflation et de plafonnement des taux d'intérêt, nous pouvons obtenir des rendements attrayants par le biais d'obligations d'État de qualité des marchés développés, tout en limitant le risque de crédit. Nous avons récemment acheté des obligations d'État à courte échéance afin d'atténuer la sensibilité des portefeuilles à l'évolution des taux d'intérêt. Compte tenu du durcissement potentiel des conditions de crédit, le risque d'incidents de crédit pour les émetteurs de qualité inférieure est plus élevé. Par conséquent, nous continuons à privilégier les obligations de qualité supérieure présentant des valorisations attrayantes, comme les obligations Investment Grade européennes et britanniques.
En cette période de ralentissement de la croissance sur les marchés développés, les perspectives économiques de l'Asie nous séduisent. La réouverture éclair de la Chine, associée à une politique de soutien plus marquée, a suscité une dynamique positive quant aux attentes en matière de bénéfices dans la région Asie-Pacifique. Ce phénomène, conjugué à des niveaux de valorisation initiaux peu élevés, laisse entrevoir une revalorisation plus soutenue des actions, justifiant ainsi notre surpondération des actions de la région Asie-Pacifique.
Bien que les actions de la zone euro continuent de se redresser, la forte reprise des six derniers mois ne se traduit pas par des valorisations attrayantes, d'autant plus que cette surperformance est, selon nous, davantage liée à une dynamique de surprises macroéconomiques positives (comme la baisse des prix de l'énergie) qu'à leurs fondamentaux.
Ce document est conçu en tant que support à caractère commercial. Ce document a été établi par Quintet Private Bank (Europe) S.A., société anonyme de droit luxembourgeois immatriculée au Registre de Commerce et des Sociétés de Luxembourg sous le numéro B 6.395 et dont le siège social se situe au 43 boulevard Royal, L-2449 Grand-Duché de Luxembourg (ci-après « Quintet »). Quintet est un établissement financier supervisé par la CSSF (Commission de Surveillance du Secteur Financier) et la BCE (Banque centrale européenne).
Ce document est fourni uniquement à titre d'information, il ne constitue en aucun cas un conseil personnalisé (en matière d'investissement ou fiscal) et les décisions d'investissement ne doivent pas se fonder sur les seules informations qui y figurent. Chaque fois qu'un produit, un service ou un conseil est évoqué dans ce document, il ne doit être considéré que comme une indication ou un résumé et ne saurait être réputé complet ou rigoureusement exact. Vous assumez les coûts et les risques de toute décision (d'investissement) basée sur ces informations. Il vous appartient d'évaluer (ou de faire évaluer) si le produit ou service est adapté à votre situation. Quintet et ses employés ne peuvent être tenus responsables de toute perte ou dommage résultant de l'utilisation de (toute partie de) ce document.
Les informations qui figurent dans ce document sont susceptibles d'être modifiées et Quintet n'est en aucun cas tenu, après la date de publication du texte, d'actualiser ou de compléter ces informations en conséquence.
Si le prêt/crédit est exprimé dans une devise autre que votre devise de base, les fluctuations du taux de change peuvent influencer le montant à payer.
Sauf mention contraire explicite, Quintet détient l'ensemble des droits d'auteur et des marques de commerce relatifs à ce document. Il est interdit de copier, reproduire sous quelque forme que ce soit, redistribuer ou utiliser de quelque manière que ce soit le contenu de ce document, en totalité ou en partie, sans l'accord préalable explicite et écrit de Quintet. Pour de plus amples informations concernant le traitement de vos données à caractère personnel, veuillez consultez la Déclaration de Confidentialité figurant sur notre site Internet https://group.quintet.com/en-gb/gdpr).