Il est important de rappeler que SVB n'est pas une banque ordinaire. Alors que la plupart des banques accordent des prêts sur leurs dépôts, bénéficiant ainsi de la hausse des taux d'intérêts, SVB investissait les dépôts de ses clients dans des obligations d'État américaines à long terme. La hausse des taux d'intérêt a fait chuter la valeur de ces obligations, conduisant SVB à annoncer une levée de fonds de 1,75 milliard USD. Comme on pouvait s'y attendre, cette situation a effrayé ses clients du secteur de la haute technologie, suscitant un vent de panique et un retrait massif des dépôts de la banque. Dès lors, peut-on craindre une crise bancaire systémique comme celle que nous avons traversée en 2008 ? C'est peu probable.
Cela étant, ce choc au sein du secteur financier a entraîné un regain d'aversion pour la prise de risque sur les marchés, lequel a été aggravé par les difficultés rencontrées récemment par Crédit suisse. Dans ce type d'environnement, la meilleure stratégie consiste à détenir davantage d'obligations sûres et moins d'actions que d'habitude, à s'exposer à des régions relativement épargnées par les causes de ces tensions bancaires, comme l'Asie, à détenir des actions à faible volatilité et de l'or, et à réduire son exposition aux obligations des marchés émergents et à haut rendement, ainsi qu'aux marchés actions à forte pondération bancaire, comme la zone euro.
Tel est globalement le positionnement de nos portefeuilles de référence. C'est également l'occasion de rappeler qu'il est plus important de rester sur le marché que de chercher à l'anticiper. Nous veillons à rester investis (tout en modulant les portefeuilles en fonction de notre perception de la situation) et investissons de manière sélective tout en restant fidèles à notre stratégie à moyen terme. Bien qu'il ne soit pas opportun pour l'heure d'accroître le risque actions au sein des portefeuilles, nous pensons que le fait d'investir en privilégiant la qualité permet de faire en sorte que le risque pris soit le plus pertinent possible. Un épisode tel que la chute de SVB illustre l'importance de la qualité sur le long terme.
Daniele Antonucci, Chief Economist & Macro Strategist
Les chiffres de la production courante et des nouvelles commandes ont considérablement progressé, tandis que la barre des 50 a été franchie en ce qui concerne l'emploi dans les secteurs des services et de l'industrie manufacturière, ce qui laisse entrevoir un potentiel d'expansion supplémentaire pour une reprise alimentée par la consommation.
Nous tablons sur une reprise significative de la croissance en Chine dans les mois à venir, la vigueur intérieure compensant le ralentissement de l'activité ailleurs.
Source : recherche interne, Refinitiv ;
Remarque : valeurs > 50 = expansion ; < 50 = contraction.
L'actualité
Le spectre de la récession mondiale s'est légèrement éloigné sous l'effet de la vigueur persistante des données économiques américaines, de la baisse des prix du gaz naturel (pour l'Europe) et de la réouverture de l'économie chinoise. L'inflation globale a culminé fin 2022, mais le pic d'inflation sous-jacente est moins prononcé aux États-Unis et au Royaume-Uni dans la mesure où l'inflation reste élevée dans le secteur des services. À noter que l'inflation sous-jacente n'a pas encore atteint son sommet dans la zone euro.
Début mars, devant le Congrès américain, le président de la Réserve fédérale (Fed), M. Powell, s'est de nouveau montré belliciste. Ce positionnement agressif était inattendu compte tenu du récent ralentissement du rythme des hausses de taux d'intérêt. L'horizon de la Banque Centrale Européenne (BCE) est lui aussi plus incertain, avec des risques de voir un taux final/terminal ? plus haut. Les courbes de taux restent inversées (les taux d'intérêt à court terme demeurent plus élevés que ceux à long terme), signe que les investisseurs sont préoccupés par la croissance.
La question s'est posée de savoir si les banques centrales maintiendraient le cap dans leur lutte contre l'inflation ou si elles interrompraient leurs hausses de taux pour alléger la pression sur les secteurs bancaires américain et européen. La Fed et la BCE sont restées sur leurs positions et ont relevé leurs taux conformément aux prévisions précédentes (25 et 50 points de base, respectivement), indiquant qu'elles considéraient l'inflation comme le facteur le plus dangereux pour les économies américaine et européenne. La Fed a également indiqué qu'elle était sur le point d'interrompre son cycle de hausse des taux d'intérêt.
De son côté, la Chine continuera à soutenir son économie sans recourir à des mesures de relance à grande échelle. Pékin s'est fixé un objectif de croissance prudent d'environ 5 % qui tient compte des vents contraires exogènes.
À quoi sommes-nous attentifs ?
Bien que l'on s'attende généralement à ce que la bonne tenue des données économiques soutienne les actions, les données de février ont entraîné une baisse de ces valeurs sur les marchés développés, les investisseurs ayant réévalué leurs attentes quant au pic d'inflation et à l'évolution consécutive des taux d'intérêt.
Il semble que les cours des actions des marchés développés aient intégré un excès d'optimisme. Face au positionnement belliciste affiché par la Fed et la BCE, nous pensons que le risque de baisse sera davantage pris en compte dans la mesure où d'éventuelles nouvelles hausses de taux impliqueraient des taux d'actualisation plus élevés et un ralentissement de la croissance. Cela étant, la récente volatilité des marchés rend les trajectoires des banques centrales plus incertaines, celles-ci n'ayant pas nécessairement l'intention de continuer à relever leurs taux à un rythme soutenu.
Selon nous, 2023 sera une année de divergence en termes de croissance, la Chine et l'Asie dans son ensemble servant de foyers de croissance à l'inverse des marchés développés. Malgré la récente chute des marchés due aux tensions géopolitiques, la réouverture en cours de l'économie chinoise est un motif d'optimisme important pour les investisseurs à court et moyen terme.
Avec une inflation en baisse (États-Unis) ou en passe d'atteindre un pic (Europe), plusieurs banques centrales s'orientent vers des hausses de taux plus modestes pour, au final, y mettre un terme dans les mois à venir
Au risque de nous répéter, nous tenons à réitérer notre conviction que « les obligations sont de retour », ce que reflètent les récents changements apportés à nos portefeuilles de référence. Nous avons réduit encore davantage notre exposition au crédit des marchés émergents et l'avons remplacée par des obligations d'État plus sûres des marchés développés, ce qui a eu pour effet de réduire la sensibilité de nos portefeuilles aux fluctuations des taux d'intérêt. Suite à ces changements, notre exposition globale au crédit a été ramenée à un niveau inférieur à celui de notre allocation habituelle à long terme. Ce mois-ci, nous avons également réduit notre exposition aux obligations souveraines émergentes libellées en devises fortes (USD). Nous avons préféré opter pour des obligations d'État allemandes à court terme qui offrent des rendements attrayants.
Nos allocations en actions restent légèrement inférieures à la normale ; nous restons quelque peu sous-pondérés. Nous avons toutefois procédé à un rééquilibrage parmi les actions en réduisant les valeurs américaines et celles des marchés émergents au profit des actions de la région Asie-Pacifique, Japon compris. Cette stratégie nous offre une exposition plus directe à la réouverture de l'économie chinoise et à la dynamique de croissance soutenue observée dans l'ensemble de la région.
Face à l'incertitude qui continue de planer sur l'inflation en Europe, nous restons prudents à l'égard des actions de la zone euro malgré leurs solides performances récentes (avant le dernier épisode d'instabilité financière). Nous attendons d'avoir davantage de certitudes quant à l'évolution de l'inflation et de la croissance avant d'accroître notre exposition à ce marché cyclique. Les tensions survenues récemment au sein du système bancaire renforcent encore davantage ce sentiment d'incertitude.
Dépassement plus rapide
du pic d'inflation/de la Fed/des rendements obligataires
↓
Accroissement des actions/obligations
Négociations/fin de la guerre Russie/Ukraine
↓
Accroissement des actions/obligations à haut rendement de l’UE
Réouverture de la Chine
sans problèmes majeurs
↓
Accroissement de l'exposition aux risques ME/Chine
Resserrement excessif des banques centrales, même si l'inflation ralentit
↓
Réduction du risque lié aux actions et aux obligations, inclusion de l'or
Aggravation de la guerre
Russie/Ukraine
↓
Réduction de l'exposition au risque européen, inclusion de l'or
Escalade
Chine/Taïwan/États-Unis
↓
Réduction de l'exposition aux risques ME/Asie
Nouvelle dégradation
de la crise du gaz en Europe
↓
Réduction des actions/obligations à haut rendement européennes et britanniques
Spirale salaires-prix poussant
l'inflation à la hausse
↓
Réduction de l'exposition aux obligations, renforcement de la diversification
Crise bancaire systémique/
instabilité financière
↓
Accroissement de l'exposition aux obligations sûres, ajout de l'or
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